mercredi 10 juin 2015

Et si on rivalisait une superproduction américaine avec un faible budget ?

Et si la démocratisation des moyens techniques dans l’audiovisuel permettait aujourd’hui à des réalisateurs avec une expérience suffisante et une ambition conséquente de rivaliser avec les superproductions américaines même avec un faible budget ?

Dans l’article L’évolution du cinéma,  je vous mettais en évidence les changements subis par le cinéma pendant son siècle d’existence, ici, je vais me concentrer sur une période précise, aujourd’hui et notamment l’utilisation des nouvelles technologies grâce auxquelles il serait bien possible de faire un film quasi-similaire à une superproduction, et ce, avec un budget minime (10 000 euros). En effet, puisque Internet a une place prépondérante dans notre société, il en va de même pour le monde du cinéma.

Recruter :

Pour les castings, par exemple, quelques annonces sur des sites gratuits vous permettent de lancer des appels à candidatures pour un tournage. Selon vos besoins, il est possible de couvrir un large panel de personnes souhaitant participer à un film, pour peu que vous leur en donniez l’envie. La majorité des annonces de castings sont aujourd’hui en ligne (voir notre article Où trouver des castings).
Certains contrats de bénévolat existent pour les acteurs en fonction de la législation (droit à l’image, rémunération en cas de bénéfices, etc), même si c’est toujours mieux de rémunérer des acteurs au respect du tarif syndical, leur prouvant qu’ils peuvent vivre de leur art et de leur passion.

Filmer :

S’il y a quelques années encore les prises des vues aériennes étaient l’apanage exclusif et très cher des hélicoptères spécialement équipés, les drones – qui n’étaient rien d’autre que des gadgets à leur lancement – permettent, aujourd’hui, de filmer à haute altitude et avec des prises de vues inédites contre 600€ à 3000€ et une autorisation préfectorale pour survoler une ville. De la même manière, filmer sous l’eau demandait auparavant un caisson étanche en verre et métal spécialement conçu pour le matériel de prise de vue, alors qu’aujourd’hui, c’est possible avec des petites caméras embarquées qui coûtent entre 200 et 500€ environ.
Les appareils photos reflex, qui permettent également de belles prises de vue vidéos, se multiplient. L’un d’entre eux avait fait grand bruit, dans les médias et dans la sphère audiovisuelle, car utilisé pendant le tournage d’un épisode entier de la série télévisée Dr House.
Pour un appareil photo avec de bonnes capacités vidéos, il faut compter entre 1000€ et 3000€ ; pour une bonne caméra numérique, il faut entre 2000€ et 5000€ (comptez au minimum du double au triple de ce dernier chiffre pour une caméra numérique professionnelle d’entrée de gamme). Les caméras ou caméscope 3D sont un choix possible, mais ils demandent des capacités spécifiques et des méthodes de post-productions encore difficilement accessibles pour le moment, mais qui ne devrait pas tarder à évoluer rapidement aussi.

Montage :

Si pour faire du montage, un ordinateur de base suffit (oubliez pour l’instant les tablettes), il lui faut quand même un minimum d’équipement et une puissance effective pour supporter le programme utilisé.
Parlons d’ailleurs des programmes informatiques :
Si la plupart des programmes professionnels coûtent encore cher, il est malgré tout beaucoup plus facile aujourd’hui de se les procurer ou d’utiliser des logiciels libres ou open-source. Vous pouvez aussi vous orienter vers les versions d’essai, limitées dans le temps et en capacité.
Ces programmes demandent une maîtrise qui peut s’acquérir via des tutoriels en ligne ou en vous appuyant sur des personnes déjà formées.
Les programmes non-professionnels, plus ludiques et plus accessibles tant financièrement que techniquement, sont, eux aussi, très nombreux et ils évoluent vite. Par exemple, la plupart permettent de faire défiler l’image en sens inverse, de ralentir ou accélérer la timeline, de corriger les couleurs, d’avoir accès à une vaste bibliothèque de transitions et même, d’effectuer des incrustations via un écran vert ou bleu, le tout pour généralement une centaine d’euros.

Effets spéciaux :

Tous les accros de la technologie sont au courant, l’année 2015 a marqué l’arrivée des imprimantes 3D dans la grande distribution, et cela n’est pas anodin pour notre sujet.

En effet, bien que les effets spéciaux demandent un savoir-faire précis, les imprimantes 3D permettent par exemple « d’imprimer » une création de votre choix, que vous aurez conçu sur ordinateur avec un programme vendu avec celle-ci. Vous disposez alors d’une miniature, que vous pourrez scanner, puis animer numériquement. À l’inverse, vous pouvez scanner une figurine de votre choix, la modifier par ordinateur, puis l’imprimer, ce qui est actuellement utilisé pour la nouvelle trilogie Star Wars. Il faut compter 300€ pour un scanner 3D de base, et de 300€ à 600€ pour une imprimante 3D raisonnable.

Quant aux effets spéciaux virtuels classiques et basiques (feu, explosion, larmes), là encore, la majorité des programmes que l’on trouve dans le commerce vous permettront de belles possibilités. Cependant, pour les films d’animation (ShrekLa Reine des Neiges ou encore Astérix et le domaine des dieux), il n’y a pas encore de solution moins chère et moins technique à disposition du grand public. Il faudra toujours énormément de temps pour réaliser ce genre de film.

Diffusion / Promotion :

Une fois le film terminé, il reste à le faire découvrir au plus grand nombre. Les sites d’hébergement vidéos font légion et certains d’entre eux permettent même une rémunération en cas de visites multiples. Et puisque le format vidéo le permet – auparavant, il fallait payer et convertir le format vidéo pour l’agrandir au risque de la détérioration de l’image – pourquoi ne pas viser une sortie au cinéma ou à la télévision, puisque la liste des distributeurs et leurs coordonnées sont désormais en ligne ?
Quant à la promotion, Internet permet de mettre en place une petite campagne efficace (si elle est bien faite) et à moindres frais. Rappelez-vous le film Mommy de Xavier Dolan dont le budget promo était quasi nul mais qui fut très vite un succès sur les réseaux sociaux tant que médiatique par la suite…
Si vous ne parvenez pas à trouver de financement classique pour votre film, l’autoproduction peut être une solution. Il y a régulièrement des films à faible budget qui surprennent par leur créativité que ce soit pour les effets spéciaux, pour les scènes d’actions ou autres.
Alors, à quand des films à faible budget pouvant rivaliser avec une superproduction américaine ?
Que la vie vous berce.
Emmanuel Buriez

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